Ils nous l’avaient demandé avec insistance !
Revenir dans leur beau village de Han s/ Lesse. Alors les premières têtes d’indien étaient sur le terrain dès le jeudi midi. Montage classique des infrastructures et aussi déjà premiers accueils de participants sans doute pressés de s’installer aux meilleures places. Le soleil est de la partie ; le présage est bon. C’est aussi le long w-e du 15 août.
Les traditionnels coups de canon, annonçant à chaque fois la fin de la visite des grottes toutes proches, et les arrivées des véhicules nous replongent dans une ambiance sonore familière et très … militaire. Le vendredi, la majorité des participants étaient en place. L’on recensa quelques beaux engins comme les deux Chevrolet G506, une singulière voiture Peugeot 202 de 1938 en étonnante livrée « camouflée » armée française, un Ward la France M1A1 de 1943 et une Kübelwagen 82-VW de prise frappée de l’étoile blanche (un beau lot amené par Ardennes 44). Quatre beaux WC54 ambulance, réunis, dont un distinctif du signal Corps. Différents types de GMC, Dodge et une majorité de jeeps (jipes comme écrit Jean-Pierre dans la Lettre) sans oublier la « seule » Harley WLA.
Tout ce petit monde s’installa, avec les commodités à disposition, en bordure de l’immense terrain herbeux et cette fois bien déminé.
Le samedi matin : les manoeuvres mobiles.
Comme à l’accoutumée, tout avait été préparé par les soins de nos troupes. Le parcours bien reconnu la colonne de près de 80 engins (quelques uns seulement sont restés sur le camp) en file indienne (of course) pouvait se mettre en marche. Belle région parcourue à l’allure « collectionneurs ». Traversée de villages aux gens sympa qui saluent les équipages. Seuls quelques chevaux et poules s’affolent près des fermes au passage du convoi. La paix règne à nouveau sur cette partie d’Ardenne et le touriste patiente avec bienveillance aux carrefours traversés par le long convoi. Le soleil est de la partie et réchauffe. A chaque ralentissement une bâche est décrochée.
L’heure de midi est proche et l’arrivée au point de ravitaillement ressemble à une invasion. Il aura fallu un bon quart d’heure pour garer, en ordre, tout ce petit monde. La halte est singulière : au musée du « Fourneau St Michel ». Un hameau ressurgi du passé. Les bâtisses d’antan abritent des scènes reconstituées de la vie du siècle dernier. Un beau musée de la vie rurale. Un parc au bout duquel les participants sont conviés pour un lunch en plein air. Après la sustentation c’est le retour et formation de la colonne. Chacun reprend sa place et le convoi serpente à nouveau sur les coteaux et dans les belles vallées de la Lomme. Tout est calme et serein mais la paix sera de courte durée.
L’ennemi est venu du ciel
Les nuages sombres qui planent semblent avoir avalé le soleil. Déjà une première attaque du convoi ce samedi après-midi. Une rude averse, pas de dégâts mais une gênante buée sur les carreaux intérieurs des 4 WC54 . Remise fébrile des bâches enlevées deux heures plus tôt. Je ferme la marche derrière l’ambulance qui toussote et finalement s’arrête. L’équipage descend et, après examen négatif, pousse l’ancêtre trempé qui consent à redémarrer. Tout le monde est sauf. Retour au camp sans avoir laissé personne derrière. Manœuvres des véhicules pour se garer près de leurs bivouacs ; des vrombissements çà et là et puis finalement le silence du à l’arrêt des moteurs, mais pas pour longtemps.
L’opération « counter-attack »
Du côté nord du camp on remarque une effervescence. Notre WC52, arrime le canon M1 57mm gun et se place derrière le GMC. Un homme dans le tourelleau de cabine est accroché à la .50 scrutant le ciel en essayant, à son tour, d’intimider le plafond un peu bas.
Une jeep prend la tête de l’escouade en formation, l’autre se place à la fin. Un autre WC51 s’intercale. Les hommes, harnachés vérifient leurs armes et attachent leur casque, ils se concertent puis se répartissent dans les véhicules. Les mines semblent graves. Pas loin derrière, l’ambulance WC54 (nouvellement restaurée) semble guetter. A bord un équipage féminin avec le brassard à croix-rouge. Le moteur tourne au ralenti. On attend. Puis le départ. La petite colonne défile tranquillement dans la plaine. 100 mètres parcourus puis un coup sourd au loin ; le WC51 s’immobilise. De la fumée noire sort du train avant. Un homme culbute et tombe à terre, il ne bouge plus. Les trois autres plongent au sol en serrant leurs armes. Le WC52 s’immobilise à son tour et l’équipage se précipite pour décrocher le canon. Un ordre fuse : counter-attack !! Les 6 hommes de la section artillerie ATK place le 57mm qui pointe son tube dans la direction d’où vient le tir. Un canon ennemi probablement. Ce dernier remet çà. Un coup pour rien cette fois. Notre canon crache à son tour dans un bruit de tonnerre. Un coup, puis un autre, puis encore. Ca sent la poudre. L’infanterie se ressaisit et progresse en tiroir vers « l’ennemi ». Celui-ci réagit et tire à nouveau. La progression est rapide, le 57mm tire cette fois au but. Une fumée dense se dégage là où l’agression avait commencée. Sans attendre davantage, l’ambulance arrive en trombe et se place près du GMC qui la protège. Les ambulancières jaillissent avec le brancard et y couchent le soldat tombé et qui leur semble si lourd. Il est emporté et enfourné dans le compartiment arrière. Les portes claquent. Les fantassins sécurisent et font un signe. Le WC54 redémarre vers où il était venu. Sur le champ de bataille les troupes se regroupent et rejoignent leurs engins. Les jambes du canon sont repliées et l’arme redoutable est à nouveau accrochée. La colonne se remet en route. L’arrivée inattendue d’un Ward la France étonne. Le lourd « wrecker » se place devant le WC51 rendu inerte. La flèche de dépannage semble happer son patient et l’ensemble redémarre dégageant ainsi la plaine, vidée tout à coup.
Le public applaudît la victoire.
Les hommes reviennent et défilent. Ils semblent satisfaits de leur action et rendent le salut au public qui les applaudit.
Le C.O. des têtes d’indien fait aligner le personnel et le passe en revue. Il remercie chacun des acteurs et leur accorde (pour les indiens) leur premier « award » : le CIB Combat Infantry Badge pour l’infanterie et le MCB Medical Combat Badge pour le service médical. Tout ce petit monde se retrouve au bar pour fêter leur baptême du feu.
Des visiteurs déambulent et s’entretiennent avec les troupes. L’impressionnant stand de tir airsoft crépite et les cibles (métalliques) tintent sous les rafales des … billes. Tout le monde s’amuse. Le repas du soir est annoncé et prélude à la soirée conviviale (et très dansante) au cours de laquelle l’équipe Indian et tous les clubs présents (via leur délégué) sont remerciés. Deux heures sonnent à la fermeture des portes du « chalet » : notre beau mess de circonstance.
La nuit fut terrible
Les attaques incessantes des averses de pluie sont préoccupantes. Le matin c’est un sentiment de désolation et l’impression d’être en … octobre est encore accentué par la brume. Mais le camp s’ébroue et contre toute attente les gens ne se plaignent pas. Les rires restent intenses. Sans autre alternative, la suite du programme doit s’annuler. Tout ce qui était prévu en plein air est supprimé y compris les cérémonies dédiées aux vétérans. Le public ne revient quasi pas et l’organisation de la « marche » évocatoire dédiée aux GI’s oubliés, pourtant prometteuse, est compromise. La pluie fait son œuvre et transforme le sol en une moquette spongieuse juste à l’entrée du bar. Malgré cela il reste un refuge de bonne humeur. La journée se passe avec un accent de fatalité et boudeur contre le mauvais temps. Puis la nouvelle tombe : demain (jour de Marie) il y aura du soleil pour replier. Quelle consolation !
Il est vrai, le lundi c’est le réveil sous un ciel radieux et, comme par miracle, les affres de la veille sont presque pardonnées. Chacun va s’affairer à replier à l’aise et l’on compte les premiers départs. Pas tous pourtant, une bonne partie des participants resteront encore sur le camp, sûrement pour profiter de l’endroit superbe, faut-il préciser, et aussi grâce à l’esprit chaleureux des gens de Han s/ Lesse qui nous ont dit sincèrement : « à se revoir ! ».
Epilogue
Les remerciements iront d’abord aux 188 participants qui se sont inscrits et venus à notre « messe » annuelle d’été : Top Hat by Indian Head. Au groupe des têtes d’indien (certains se sont retrouvés) qui s’est comporté avec brio et dévouement sans faillir dans les (nombreuses) tâches accomplies. Et devant l’adversité d’une météo agaçante du dimanche, il faut saluer toute la mise en œuvre pour l’organisation de la marche (hélas compromise). Merci à tous ces fiers indiens (et bénévoles) qui ont contribué, œuvré et permis cette belle et traditionnelle organisation.
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